Sur les chemins noirs, rencontre avec Jean Dujardin

Une aventure intérieure au cœur de nos territoires

En salle le 22 mars, Sur les chemins noirs, le nouveau film de Jean Dujardin explore le thème de la renaissance d’un homme brisé au travers d’un voyage initiatique sur un réseau de sentiers méconnus qui traversent la France. Tourné en partie dans les Alpes de Haute-Provence en 2021, cette captivante adaptation du roman de Sylvain Tesson est une ode aux paysages oubliés et à la quête de sens. Retour sur notre rencontre avec l’acteur.

Une connexion avec la nature et soi-même

Dans un interview exclusive réalisée à l’occasion de la projection en avant-première du film à Manosque le 10 mars dernier, l’acteur se livre sur son personnage, sa collaboration passionnante avec le réalisateur Denis Imbert et la découverte de notre territoire.

Vous avez lié une certaine affection pour le personnage de Pierre, d’autant plus que vous avez lu le livre de Sylvain Tesson. Ça devait être un réel plaisir pour vous d’incarner le personnage ?

Je voulais incarner l’histoire et je voulais peut-être créer un personnage. J’ai toujours pensé en lisant le livre que le sujet était universel et que chacun pouvait y mettre sa traversée, ses chemins noirs, ses tourments et je me suis dit c’était le bon moment, arrivé à 50 ans, de faire un film où je pourrais faire un peu le point tout en continuant à faire mon métier.
Je me suis dit : "ce n’est pas la même mécanique que sur un tournage traditionnel, je savais qu’il fallait que je sois plus disponible, me fragiliser aussi, jouer autrement ou ne plus jouer du tout. Donc c’était le bon moyen pour avoir de nouvelles sensations et pour pas que ma carrière ronronne, j’aime apprendre de nouvelles choses !"

Affiche Sur les chemins noirs - ©Radar Films

Connaissiez-vous déjà le Département des Alpes de Haute-Provence avant le tournage du film ?

Très peu, j’ai l’impression que c’est toujours pareil, on vient ici, on ne passe pas par ici, comme d’autres régions d’ailleurs. Il a donc fallu faire cette diagonale du vide pour y passer et la ressentir.
C’est des moments assez importants dans le film d’ailleurs parce que c’est des moments qui pour moi, comme sur la montagne de Lure où je disais au réalisateur Denis Imbert : "je veux aller dans la pente, je veux être sur cette montagne d’assiettes cassées", je pense d’ailleurs que Sylvain Tesson se serait un peu puni par là.
Il y aura de l’effort, le corps dira quelque chose, il y aura de l’émotion, il y aura ce bruit de pierre, ce bruit de calcaire, parce qu’il y a du caillou dans ce film et on l’entend !
Je trouve que c’est très cinégénique, ça parle beaucoup, le son est aussi important que l’image finalement. Surtout lorsqu’on est en haut, on n’a pas besoin d’aller en Patagonie, le dépaysement il est énorme, il n’y a aucune antenne, ce sont vraiment des lieux de tournage, des lieux pour faire du cinéma.

Jean Dujardin - Sur les chemins noirs - ©Photo Thomas Goisque

Pourriez-vous nous partager un souvenir ou une anecdote sur les lieux de tournage dans les Alpes de Haute-Provence ?

Les Gorges du Verdon, c’est sûr que c’est une étape très importante du film parce que c’est là qu’on vous met à 300 mètres de haut (rires), on vous accroche à un fil, heureusement qu’il y avait Daniel Dulac qui est un ami de Sylvain Tesson, et qui nous a montré comment faire. 300 mètres de haut c’est une Tour Eiffel !
Grosses sensations, temps magnifique, des rapaces qui passent au-dessus et en dessous, le vivant rejoint le vivant, on est bien humble donc c’est un moment assez important.
Et puis la visite de Ganagobie avec le frère Philippe, où on arrive dans ce monastère et on se dit "Tiens ! J’y resterais bien 2 ou 3 jours, je me laisserais bien faire par ce silence", on n’a pas l’habitude, on peut ressentir ça quand on rentre dans des églises vides mais là, cette quiétude !
C’est un très joli souvenir d’autant plus que j’ai eu l’opportunité de jouer avec lui, on a demandé à ce qu’il joue avec nous et qu’il nous raconte son propre chemin.
Il avait décidé un jour de toucher une pierre dans ce monastère, il était architecte et il s’est dit : "je vais continuer et finir ma vie ici".

Interview réalisée par Corentin D'Oliveira

Sur les chemins noirs de l'écrivain Sylvain Tesson, un récit introspectif sur la marche et la solitude

Découvrir le roman

Sylvain Tesson, écrivain voyageur, aventurier et passionné de la nature, a publié en 2016 "Les chemins noirs", un livre dans lequel il raconte son périple à pied sur les routes de France. Un récit introspectif qui explore les thèmes de la marche, de la solitude et de la quête de sens.
Le livre débute avec la chute de Tesson depuis le toit de sa maison, qui l'a laissé avec plusieurs fractures et une longue période de convalescence. Pendant sa récupération, il décide de marcher sur les anciens chemins noirs de France, qui étaient autrefois utilisés pour transporter du charbon. Le but de cette marche est de se réapproprier son corps et son esprit, mais aussi de découvrir les histoires et les légendes qui se cachent derrière ces chemins.

Au cours de son périple de plus de 700 kilomètres, Tesson se retrouve confronté à la solitude, à la fatigue et aux caprices de la météo. Il doit faire face à des situations difficiles, telles que traverser des champs de blé en feu ou passer des nuits dans des endroits abandonnés. Pourtant, ces moments difficiles sont aussi ceux où il se sent le plus vivant, en connexion avec la nature et avec lui-même.
Tesson explore également les thèmes de la mémoire et de l'histoire, en évoquant les traces laissées par les anciens charbonniers et les témoignages des personnes rencontrées sur son chemin. Il réfléchit également à la place de l'homme dans la nature et à la nécessité de préserver les paysages naturels pour les générations futures.

"Les chemins noirs" est un livre qui nous invite à la réflexion sur notre relation avec la nature, notre rapport au temps et à l'espace, ainsi que sur la recherche de sens dans nos vies. La plume de Tesson, poétique et sensible, nous transporte dans un voyage intérieur où la marche devient un moyen de se reconnecter avec soi-même et avec le monde qui nous entoure.

En somme, "Les chemins noirs" est un livre qui nous pousse à sortir de notre zone de confort et à nous aventurer sur les chemins de la vie, qu'ils soient pavés ou non. Un récit à lire pour tous ceux qui cherchent à mieux comprendre le sens de leur existence et leur place dans le monde.